Comment se défaire de nos mauvaises habitudes ?
14 mars 2022 2022-04-27 16:42Comment se défaire de nos mauvaises habitudes ?
Comment se défaire de nos mauvaises habitudes ?
« Julien, j’en ai marre de procrastiner, je ne fais que ça de mes journées !
- Pensez-vous que c’est impossible d’arrêter ?
- C’est difficile
- Et comme c’est difficile c’est impossible ?
- Non je pense que c’est possible
- Qu’est-ce qui se passerait si vous arrêtiez de procrastiner ?
- Je pourrais devenir cette personne que j’ai toujours rêvé d’être
- Alors, vous voulez dire que vous êtes prêt à abandonner l’idée de devenir cette personne ?
- Non, mais procrastiner me donne du plaisir. Cela me permet d’avoir du temps libre tout de suite
- En êtes-vous sûr ? Procrastiner ne vous apporte aucun plaisir, c’est une illusion. Votre temps libre maintenant vous le passez à être anxieux, à penser au travail à faire dans un coin de votre tête, alors que vous pourriez avoir du VRAI temps libre après avoir travaillé. Alors, vous pourriez décider que vous en avez marre de votre situation actuelle, qui vous fait souffrir. La procrastination n’est-elle pas une source de souffrance pour vous ?
- Oui, procrastiner me fait souffrir. C’est vrai que j’en ai marre.
- Chaque fois que vous procrastinez, remarquez à quel point vous souffrez, et connectez-vous avec le plaisir que vous procure le fait d’accomplir vos rêves »
Si vous êtes comme cette personne, vous essayez probablement d’induire le changement par la seule force de votre volonté. Pourtant, la volonté est disponible en quantité limitée. Si vous voyez une nouvelle habitude comme une corvée, elle ne restera jamais avec vous. Si vous utilisez toute votre volonté pour créer cette habitude, et que cela vous fait souffrir, vous êtes en train de dire à votre cerveau que cette nouvelle habitude est une véritable corvée. Si ce n’est pas une source de satisfaction pour vous, cela ne marchera pas. Tant que vous devez vous forcer, cela ne fonctionnera pas. Notre volonté, outil de la conscience, n’est pas un outil puissant pour changer nos habitudes. A chaque fois que vous décidez consciemment d’agir d’une manière qui s’éloigne de votre conditionnement, votre inconscient essaiera sans arrêt de vous ramener au mode qui vous est familier en créant de la résistance mentale. Par exemple : « je peux le faire plus tard », « je n’ai pas besoin de le faire ». Des symptômes physiologiques vont apparaître comme l’agitation, l’inconfort, ou le fait de ne pas vous sentir vous-même.
Ce qui pousse une personne à agir, c’est le sens qu’il donne à ses actions. Rappelez-vous de la façon dont vous percevez un fait réel et observable. Vous l’interprétez à travers le filtre de votre pensée. Donc, questionnez-vous sur les plaisirs et les souffrances que vous ressentez vis-à-vis d’une habitude.
Quand vous réalisez cette mauvaise habitude, quels plaisirs éprouvez-vous et pourquoi ? Quelles souffrances éprouvez-vous à l’idée d’arrêter et pourquoi ?
Il est impératif de vous concentrer plutôt sur le plaisir, le bien-être que vous procure cette nouvelle habitude, et sur la souffrance que vous procure l’ancienne. Ainsi, vous serez comme attiré par une force invisible vers votre nouvelle habitude.
Comparez ces deux schémas de pensée sur le grignotage :
- Imaginez que vous avez l’habitude de grignoter des sucreries. Vous ressentez la sensation de faim, ce qui est synonyme de souffrance pour vous. Pour faire taire cette faim, source de souffrance, vous ouvrez le placard pour prendre un gâteau. Vous voilà récompensé, car la source de souffrance s’est tue
- Imaginez au contraire, que vous ressentez la sensation de faim, mais que celle-ci représente du plaisir pour vous. Oui, du plaisir, car c’est le signal que votre corps est en train de perdre du poids. Quel plaisir ! Vous êtes en train de faire l’expérience, en ce moment même, de la matière grasse quittant votre corps, vous permettant ainsi d’avoir le corps de vos rêves. Grignoter ne ferait qu’éteindre cette sensation de faim, source de plaisir
A votre avis lequel de ces deux schémas de pensée vous permet de vous débarrasser de la mauvaise habitude de grignotage ?
L’addiction à la dopamine
Saviez-vous que nous étions tous accro à une substance que crée notre cerveau, la dopamine ? Cette hormone du plaisir se libère dans votre cerveau à chaque fois que vous êtes exposé au sucre, aux réseaux sociaux, aux achats compulsifs, aux jeux vidéo, au sexe, à la drogue, etc. Nous avons le droit de ressentir du plaisir, quel est le mal à cela ?
En fait, il y a un problème. Le plaisir instantané nous empêche d’atteindre le bonheur. Il nous brouille l’esprit, car nous ne faisons plus le bon arbitrage entre les actions productives que nous devrions mener pour que notre vision du futur se réalise, et les plaisirs instantanés. Devenus sensibles à la dopamine, nous sommes conditionnés à aller vers les plaisirs instantanés. Nous confondons même plaisir et bonheur, pensant que la stimulation de la dopamine est synonyme de notre bonheur, alors qu’en réalité, le bonheur, lui, dépend d’une autre hormone, la sérotonine. Pour augmenter la sérotonine, il faut plutôt se diriger vers l’atteinte de nos idéaux. Ainsi, lorsque nous nous exerçons, lorsque nous nous alimentons de la bonne manière, lorsque nous avons des pensées positives, accomplissons au quotidien, l’hormone du bonheur, la sérotonine, se libère et nous motive à avancer davantage vers nos idéaux.
A l’image de votre goût pour la dopamine, si vous avez du mal à vous débarrasser de toute mauvaise habitude ou addiction, vous éprouvez davantage de plaisir que de souffrance à l’égard de celui-ci.
Prenez par exemple l’addiction à la cigarette.
En essayant d’arrêter de fumer par la force de votre volonté, vous aurez l’impression de forcer, forcer, forcer à passer une barrière mentale infranchissable. Votre esprit vous empêche de la franchir, puisqu’elle veut vous éviter de vous faire souffrir. Arrêter de fumer représente de la souffrance, puisque vous allez devoir endurer une période de privation, dont les symptômes physiques et psychiques sont si désagréables. Au contraire, continuer à fumer représente du plaisir pour vous. C’est une source de soulagement, c’est une bouffée d’air dans votre journée remplie de stress.
Celui qui arrête de fumer n’est pas celui qui utilise sa volonté pour se priver d’un plaisir, contre vents et marées, malgré toute la souffrance que cela lui procure. Celui qui arrête de fumer est celui qui associe plaisir à sa nouvelle situation de non-fumeur, et souffrance à sa situation actuelle de fumeur. Les professionnels de l’esprit, notamment de la thérapie cognitive et comportementale utilisent cette approche pour nous permettre de transformer notre perception de nos mauvaises habitudes.
Observez ces deux schémas de pensée vis-à-vis de la cigarette
Schéma de pensée 1
Plaisir | Souffrance |
La cigarette permet de me relaxer Lorsque j’ai fumé une cigarette, je me sens plus détendu La cigarette me permet de vivre un moment social avec les autres Même lorsque je suis seul, les pauses cigarette sont un moment agréable | Rien que de penser à arrêter de fumer, je m’angoisse En arrêtant de fumer, je me prive d’une source quotidienne de plaisir En arrêtant de fumer, je ne pourrai plus faire de pause cigarette |
Schéma de pensée 2
Plaisir | Souffrance |
Je n’éprouve aucun plaisir à fumer une cigarette Je me libère enfin d’un piège dans lequel je suis resté trop longtemps | L’odeur et le goût de la cigarette me répugnent La cigarette nuit à ma santé La cigarette fait mal à mon portefeuille |
A votre avis lequel de ces deux schémas de pensée vous permet de vous débarrasser de l’addiction à la cigarette ? Pour vous débarrasser d’une mauvaise habitude, vous devez apprendre à associer plaisir à nouvelle situation, souffrance à ancienne.
Nous avons tous des objectifs et des habitudes sur lesquelles nous sommes en train de travailler. Nous procrastinons sur des choses que nous savons que nous devons faire. La réalité est qu’à un moment donné, la douleur de rester là où vous êtes actuellement va devenir plus grande que celle d’aller là où vous devez aller. Alors la question n’est pas tant de savoir si vous allez le faire ou non, mais plutôt quand est-ce que vous allez le faire. Quand avez-vous assez souffert ? Quand est-ce que vous allez arriver au moment où vous allez vous mettre en marche.
Des études montrent qu’il faut environ 90 jours pour qu’une habitude soit durablement ancrée dans votre inconscient. Pour vous défaire d’une mauvaise habitude ou mettre en place une nouvelle habitude de manière durable :
- Prenez conscience votre schéma de pensée actuel de plaisirs et de souffrances associées à l’habitude. Allez chercher les croyances qui vous font penser que vous éprouver du plaisir lorsque vous réalisez votre mauvaise habitude, de la souffrance lorsque vous réalisez une nouvelle habitude
- Détruisez toute association au plaisir. Internalisez un nouveau schéma de pensée qui associe souffrance à votre ancienne habitude et plaisir à la nouvelle
- Suivez consciemment l’évolution pendant 90 jours
- Concentrez-vous sur une habitude à la fois
Identifiez une mauvaise habitude dont vous voulez vous débarrasser.
Demandez-vous :
- Quand vous réalisez cette habitude, quels plaisirs éprouvez-vous et pourquoi ?
- Quand vous vous privez de cette habitude, quelles souffrances éprouvez-vous et pourquoi ?
- Est-ce que je ressens réellement du plaisir quand je réalise cette mauvaise habitude ? Est-ce qu’il n’y a pas d’autres façons de voir la situation ?
- Est-ce que je ressens réellement de la souffrance quand je me prive de cette mauvaise habitude ? Est-ce qu’il n’y a pas d’autres façons de voir la situation ?